samedi 16 janvier 2010

"Nicolas Sarkozy drague le CNI"

MAIN BASSE SUR TOUTE LA DROITE ?
Rien, dans la zone d’influence de l’UMP, ne doit échapper à l’emprise de Nicolas Sarkozy. Après la mise au pas du MPF de Philippe de Villiers, après la neutralisation de CPNT, après celle des étudiants de l’UNI appelés à rouler pour le Mouvement étudiant, le chef de l’Etat veut maintenant « normaliser »le Centre national des Indépendants, un CNI justement un peu trop… indépendant.
Selon nos informations, des discussions sont en cours entre la direction du CNI et celle de l’UMP pour par venir à un accord en vue des prochaines élections régionales.
Notamment dans la région Pays-de-la-Loire où le CNI est implanté et actif et que le parti présidentiel rêve toujours de reprendre à la gauche. En 2004, le Parti socialiste, allié à toute la gauche, des Verts au PCF, était parvenu, avec 52,36% des suffrages, à mettre dans sa musette ce qui était jus- qu’a lors un fief de droite, dirigé durant un quart de siècle par le « baron du gaullisme » Olivier Guichard, puis, de 1998 à 2002, par un certain François Fillon.
En négociations avec Xavier Bertrand
Le CNI, d’orientation libéral-conservatrice, a plusieurs particularités. En plus d’être le plus ancien parti de la droite française – il a été créé en 1949 –, il est la seule formation de la majorité présidentielle à ne pas avoir intégré le comité de liaison de cette dernière présidé par le maire de Marseille, Jean-Claude Gaudin. Une conséquence du désamour réciproque entre les deux formations depuis que le CNI a quitté l’UMP en juin2008. S’il n’est apparemment pas question pour le CNI de réintégrer la formation sarkozyste, sa taille disons… relative ne lui permet pas d’envisager de présenter des listes autonomes aux régionales.
Or il se trouve que son nouveau président, Gilles Bourdouleix, élu à l’unanimité le 24octobre dernier, est justement député-maire de Cholet, dans le Maine-et-Loire. Une occasion en or pour que Gilles Bourdouleix (qui fut membre de l’UDF jusqu’en 2002) renoue des contacts avec le secrétaire général de l’UMP, Xavier Bertrand, tout en continuant à marquer sa différence, réclamant par exemple la suppression des départements et celle de l’ISF.
Le président du CNI appuie aussi ses positions sur des élus de terrain comme l’ancien maire de Royan, Philippe Most, ou le premier édile du VIIIe arrondissement de Paris, François Lebel, l’homme qui a marié… Nicolas Sarkozy et Carla Bruni. A en croire son entourage, Bourdouleix a entrepris depuis deux mois « de sortir le CNI de sa léthargie », ce qui n’est pas très gentil pour son prédécesseur, Annick du Roscoät, qui a présidé le parti du rant neuf ans, a justement réussi à l’extraire de la satellisation dans laquelle il était confiné depuis les années Chirac et était même parvenue, malgré les offensives menées par l’UMP pour la faire renoncer, à présenter une liste autonome aux élections européennes de juin dernier en Ile-de-France.
Quoi qu’on pen se par ailleurs de l’utilité de cet te liste, Annick du Roscoät avait tenu bon. Puis elle avait soutenu la candidature de Gilles Bourdouleix à sa succession, sur une ligne, juste ment, de distanciation préservée avec l’UMP. Cela n’avait pas été du goût de Christian Vanneste, le député du Nord, qui, favorable à un retour dans le giron présidentiel, avait claqué la porte du parti. Sans grandes conséquences d’ailleurs, puisque la quasi-totalité de la fédération du Nord est restée au CNI…
Le « bon coup » de François Dubout
Dans le Nord-Pas-de-Calais, le CNI vient de démontrer sa capacité à rassembler à la droite de l’UMP. Au conseil régional, le président de sa fédération du Pas-de-Calais, François Dubout a réussi à créer un groupe des « Nationaux et Indépendants », qu’il préside.
Le but de « Nationaux et Indépendants »? Soit constituer une liste intitulée « Mouvement Ch’ti » aux prochaines régionales, face à Marine Le Pen, afin de négocier leurs suffrages au profit de l’UMP pour le second tour; soit, et c’est le plus vraisemblable, placer le tout nouveau président de groupe, François Dubout, en position de figurer en bonne place sur la liste de la majorité présidentielle. Là aussi, les pourparlers sont en cours.

Une autre preuve de l’intérêt que Sarkozy porte au CNI est visible.Le Mercredi 6 janvier, c’est à Cholet que le président de la République a présenté ses vœux aux « forces économiques du pays ». Raison officielle (même si le choix de Cholet, lui, ne l’est pas encore) du choix élyséen: avec moins de 3% de chômeurs, la ville est un (rare) modèle de développement industriel. L’an dernier, c’est à Vesoul que Nicolas Sarkozy avait présenté ses vœux aux « forces vives »; la ville d’Alain Joyandet, secrétaire d’Etat à la Coopération et tête de liste de l’UMP pour les régionales en Franche-Comté. De source élyséenne, on jure toutefois que seule l’impérieuse nécessité de faire passer aux Français un message économique positif a fait opter pour Cholet.
La bonne gestion des collectivités dirigées par le CNI – et par le MPF – dans l’Ouest impressionnerait en effet les conseillers du président de la République, dont le libéral-conservatisme n’est pas la doctrine officielle. Claude Guéant et Henri Guaino appartiennent à une tradition étatiste située à des années-lumière du pragmatisme d’un Villiers ou d’un Bourdouleix. De quoi intéresser Sarkozy, dépassé qu’il est par les fermetures industrielles et la hausse du chômage ? Mélange de nostalgiques du RPR, d’indépendants de toujours et de nationaux refusant la marginalisation politique (François Dubout ou Hubert Fayard, ancien bras droit de Bruno Mégret, à Vitrolles), le CNI estime aujourd’hui qu’il ne peut pas jouer de rôle politique s’il reste totalement à part. Nicolas Sarkozy, lui, veut regrouper toute la « famille » de droite. En valorisant les atouts de chacun, condition sine qua non… d’un soutien à sa personne. Il n’y a pas que les régionales à être lancées; la présidentielle aussi.

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